Les voitures à impériale

Mise à jour 16 novembre 2024µ

 

Afin d'augmenter la capacité de ses trains de banlieue, les Chemins de fer de l'Ouest utilisent à partir de 1853 des voitures à impériale. L'objectif de ces véhicules à étage est de permettre de transporter aux heures de pointes jusqu'à 1700 voyageurs par train.

 

Les voitures à impériales datent quasiment de la création des chemins de fer.

Le Chemin de fer de Paris à Saint Germain et le chemin de fer de Paris à Versailles RD disposent déja de voitures à impériale.

Ce matériel va inspirer la compagnie de L'Ouest qui vers 1853 va mettre en service une première série de 56 voitures de deuxième classe à impériale avec un empattement de 2,65m. Le modèle reprend globalement les dispositions du matériel de St Germain, avec une caisse en partie inférieure comportant quatre compartiments fermés de 40 places, et une imperiale de 18 places comportant 3 compartiments ouverts, protégés par une toiture. L'accès se fait désormais à l'aide d'escaliers très raides placés au dessus des tampons. La toiture ne comporte pas de rambarde, mais simplement d'une main courante au niveau de la toiture de l'étage, et d'un garde fou au niveau des pieds.

Voiture à impériale de l'Ouest de 1853 série 187 à 242 (coll JPVL)

En 1855, L'Ouest lance une nouvelle série de voitures de deuxième classe légerement plus longues, l'empattement passant à 3,5m. Le nombre de places passe alors de 40 à l'étage inférieur et 32 à l'impériale. Ce modèle sera repris sur plusieurs sous séries, y compris pour les modèles équipés du frein. Dans cette version, la guérite du serre frein occupe deux places à une des extrémités de l'impériale.

Voiture à impériale ouverte de 1855 avec frein (coll R.Arzul)

type Bf 1001 à 1051, 1060 à 1118, 1179 à 1235

A partir de 1864, l'Ouest passe à un nouveau modèle aux caractéristiques très voisines de celui de 1855.

Il construit également une petite serie de voitures de troisième classe à impériale, reconnaissables à l'absence de fenetres de custode. Cette série de voitures a toutefois des dimensions plus généreuses, avec un entraxe de 3.7m et une longueur hors tout de 8.07m. Avec 5 compartiment de 10 personnes à l'étage inférieur, la capacité passe à 84 voyageurs (81 pour les voitures avec guérite). L'impériale comprend 4 compartiments et demi.

A partir de 1879, une nouvelle série de matériel sera produite jusqu'en 1894.Très inspirée du modèle de 3ème classe de 1864, l'empattement passe à 3.76m, et la longueur hors tout de la voiture à 8.07m. La capacité passe à 40 places à l'étage inférieur, et 26 à l'étage supérieur. On distingue ce matériel à la présence d'un demi compartiment à l'étage supérieur. Là encore, les voitures équipées du frein comportent une guérite serre frein occupant deux places à l'une des extrémités.

 

Ce type de matériel est inconfortable: la position debout est impossible et les voyageurs de l'étage sont exposés aux intempéries et aux fumées des machines. Mais surtout, ces voitures sont particulièrement dangereuses. L'accès à l'étage s'effectue par des escaliers très raides situés à chaque extrémité. Il faut ensuite marcher le long de la voiture qui ne dispose d'aucune rambarde de protection. Les accidents sont fréquents, surtout aux retours des "trains de plaisir". Avant les congés payés, le train permet aux parisiens de se rendre vers les guiguettes des bords de Seine, et le retour vers la capitale s'effectue avec des voyageurs plus agités. Malgré les interdictions, certains s'assoient sur le marches, d'autres se livrent à des acrobaties,voire meme satisfont un besoin naturel du haut de l'impériale. Les accidents sont nombreux, avec les chutes depuis les imériales ouvertes, mais aussi lorsque le train rencontre des piles de pont, d'un signal ou un train croiseur.

Le ministère des transports s'en emeut et demande à l'Ouest de faire quelque chose. La compagnie de l'Est qui possède du matériel similaire met en service des voitures à impériales fermées dès 1968. Munies de barreaux aux fenetres, ces voitures seront dénommées "Bidel" du nom d'une ménagerie de l'époque. Mais la Compagnie de l'Ouest traine les pieds, et il faut attendre 1895 pour qu'elle commande les premières voitures à impériale fermées.

Voiture à impériale de troisième classe de 1864 avec frein (coll R.Arzul)

Voiture à impériale ouverte de 1879 (coll R.Arzul)

Une première série de 10 voitures est lancée, avec un entraxe de 3.70 pour une longueur de 8.9m. Contrairement aux voitures de l'Est qui ont un chassis surbaissé, les voitures Ouest on un chassis droit, ce qui amène un rayon très prononcé de la toiture de l'étage. Cette première série comporte trois fenetres par travée à l'impériale. Si l'accès à l'étage est toujours un peu raide, les voyageurs disposent désormais d'un couloir central.

La série suivante, de 100 véhicules, construite en 1899, sera identique avec toutefois uniquement deux fenetres par travée à l'impériale.

Avec seulement 110 unités, ce matériel reste confidentiel dans le parc de l'Ouest, aussi les rames sont souvent constituées d'un panachage de voitures à impériale fermées et ouvertes, auxquelles sont associées de nombreuses voitures de première classe à trois compartiments et custudes arrondies. Le tout est encadré des fourgons reglementaires, et remorqué par les locomotives de banlieue. Les 120T dites "Bicyclettes" du début sont remplacées par les 030T type anglais, dont l'Ouest possède plusieurs sous séries. Ces machines seront ensuite épisodiquement remplacées par des 230T mais dont le comportement en marche arrière n'était pas adapté au service de banlieue, et qui seront remplacées par des machines type 131T (série 3800) puis par 141T (série 42-000) puis des machines armistice, dont les 32-900 ex Bade qui étaient notamment employées entre Montparnasse et Clamart.

Notons aussi dans les compositions de ces trains de banlieue la présence de voitures en teck. Il s'agissait , pour les voitures à lanterneaux, de voitures bar gérées jusqu'en 1914 par la Compagnie des Wagons Buffets (CFWB). Pour les voitures sans lanterneaux, il s'agissait de voiture concues pour la banlieue mais permettant une sortie et entrée rapide dans les voitures. En effet la descente et montée dans les voitures à impériale necessitait un temps de stationnement important lors des arrets, et la compagnie de l'Ouest aurait probablement étendu ce type de matériel si elle n'avait pas rencontré des difficultés financieres qui conduiront à sa vente à l'Etat en 1908. Ce matériel en teck sera finalement utilisé en grande partie sur les premières rames electriques.

Les voitures à impériale seront utilisées jusqu'à l'apparition des voitures Talbot et les voitures métalliques à deux étages dans les années 1930, après 50 ans de service !

 

 

Voiture à impériale fermée de 1895 (coll R.Arzul)

 

 

Voitures à impériales ouvertes et fermées au Vésinet (coll part.)


Synthèse du matériel à impériale de l'Ouest / Etat

année
nombre
modele
constructeur
numero origine
immatriculation Ouest

immatriculation Etat

type
empattement
longueur HT
note
nbr de places
?
2
PSG
-
B170 à 171
-
ouverte
-
-
3 essieux
-
?
2
PSG
-
B 172 à 173
-
ouverte
2,9m
7,23m
-
68 (40+28)
1853
56
-
Ateliers de la Compagnie
B 187 à 242
-
ouverte
2.65m
6.77m
B189 à 203 devient C 3089 à 3103
58 (40+18)
 
40
PSG
  B 243 à 283  
-
ouverte
 
7,23m
   
27
Bf 1122 à 1148
-
ouverte
2,65m
6,77m
68 (40+28)
 
29
   
Bf 1149 à 1178
 
-
ouverte
2,90m
6,77m
   
1855-57
45
1855
?
B 284 à 328
B 3284 à 3328
-
ouverte
3,5m
7,47m
-
72 (40+32)
1856-58
83
1855
-
B 329 à 411
B 3329 à 3411
-
ouverte
3,5m
7,47m
devient C 3104 à 3146 en 1864
72 (40+32)
1855-64
15
1855
-
Bf 1179 à 1193
Bf 6179 à 6193
-
ouverte
3,5m
7,47m
caisse teck
70 (40+30)
1864
47
1864
-
B1 à 47
B 3001 à 3047
-
ouverte
3,5m
7,47m
devient C 3104 à 3146 en 1864
68 (40+28)
1864
8
1864
-
C 81 à 88
C 3081 à 3088
-
ouverte
3,7m
8,07m
-
84 (50+34)
1864
4
1864
-
Cf 1172 à 1175
Cf 6172 à 6175
-
ouverte
3,7m
8,07m
-
81 (50+31)
1865-66
62
1864
-
Bf 1060 à 1121
Bf 6060 à 6121
-
ouverte
3,5m
7,47m
-
70 (40+30)
1866
42
1855
-
Bf 1194 à 1235
Bf 6194 à 6235
-
ouverte
3,5m
7,47m
caisse tolée
70 (40+30)
1866
5
1864
-
B 182 à 186
B 3182 à 3186
-
ouverte
3,5m
7,47m
démolies 1897
72 (40+32)
1867-71
28
1864
-
B 48 à 75
B 3048 à 3075
-
ouverte
3,5m
7,47m
devient C 3104 à 3146 en 1864
72 (40+32)
1879
5
1879
-
-
Bf 6463 à 6467
B9xf 20706 à 20709
ouverte
3,76m
8,07m
-
74 (40+34)
1879-83
121
1879
-
-
B 3796 à 3916
B9x 20099 à 20156
ouverte
3,76m
8,07m
-
76 (40+36)
1880
19
1879
-
-
Bf 6494 à 6512
B9xf 20711 à 20727
ouverte
3,76m
8,07m
-
74 (40+34)
1880
31
1864
-
Bf 1001 à 1031
Bf 6001 à 6031
B8xf 20701
ouverte
3,5m
7,47m
Bf 1026 à 1035 devient Cf 6196 à 6105
70 (40+30)
1884
4
1879
-
Bf 1032 à 1035
Bf 6032 à 6035
B9xf 20702 à 20705
ouverte
3,76m
8,07m
Bf 1026 à 1035 devient Cf 6196 à 6105
74 (40+34)
1884-87
73
1879
-
-
B 3076 à 3148
B9x 20001 à 20068
ouverte
3,76m
8,07m
-
76 (40 +36)
1884
34
1879
-
-
B 3250 à 3283
B9x 20069 à 20098
ouverte
3,76m
8,07m
-
76 (40 +36)
1884-90
65
1879
-
-
Bf 6536 à 6600
B9xf 20729 à 20782
ouverte
3,76m
8,07m
-
74 (40+34)
1888-91
229
1879
-
-
B 3917 à 4145
B9x 20157 à 20355
ouverte
3,76m
8,07m
-
76 (40+36)
1892-94
91
1879
-
-
B 4146 à 4236
B9x 20357 à 20433
ouverte
3,76m
8,07m
-
76 (40+36)
1895
10
1895
Carel Frères et Cie
-
B 8001/8010
B9x 21001 à 21010

fermée

3.70m
8,90m
voitures comportant 15 fenetres à l'impériale

80 (40+40)

1899
100

1895

De Dietrich
-
B 8011-8110
B9x 21011 à 21105
fermée*
idem
idem
voitures comportant 10 fenetres à l'impériale

80 (40+40)

 

notes:

    • les voitures freinées comportaient une guerite serre frein occupant deux places à l'impériale.