Les machines de l'armistice (1918) |
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Vers 1920, le réseau de l'Etat verra circuler sur ses lignes du matériel d'origine allemande.
Il s'agissait du matériel livré suite à l'armistice de 1918 au titre des dommages de guerre. Ces locomotives provenaient des cinq administrations ferroviaires allemandes: les chemins de fer de l'Etat de Bade, de l'Etat de Bavière, de Prusse-Hesse, de l'Etat Saxon, et des chemins de fer Royaux du Wurtemberg.
Carte politique des Etats allemands vers 1871 (source atlas de la civ.occ.)
Ce matériel parfois livré à quelques exemplaires était assez hétéroclite et méritait bien à lui seul une page sur ce site.
Chemin de fer de l'Etat de Bade
L'Etat reçoit 15 locomotives tender de la série VIc qui seront numérotées 32.901 à 915 et seront essentiellement utilisées sur le trafic banlieue, notamment sur la ligne Paris Montparnasse à Clamart, où elles assuraient la traction des rames de voitures à impériales. Certaines seront d'ailleurs modifiées pour le service en réversibilité.
Locomotive 32-902 ex badoise (coll JP.Vergez)Elles seront immatriculées 3-131TB 901 à 915 en 1938. Certains exemplaires ont "disparu" en RDA pendant la seconde guerre.
Le parc de machines tender était completé de deux machines de la classe Xb qui seront immatriculées 40-901 & 40-902. Il s'agissait de deux machines de type 040T dont l'unique caisse à eau était disposée entre le chassis et la chaudière. Elles seront utilisées au service de manoeuvre sur Saintes et La Rochelle jusqu'en 1936.
Dans le parc de machines à tender séparé figure d'abord les 10 machines de type ex Bade de classe IIc 519 à 655. Numérotées 220-901 à 909 à l'Etat, leur allure ressemble fortement aux machines série 900 de la compagnie de l'Ouest. Déja techniquement dépassées à leur arrivée à l'Etat, elles seront affectées à la remorque des express sur Laval et Rennes et seront réformées entre 1924 et 1933.
Locomotive 220-909 ex Bade
Vient ensuite l'unique 131 de 1912 série IV G devient 131-901 à l'Etat et sera affectée aux dépots de Rennes, Laval, Le Mans, mais réformée dès 1932.
Dix Atlantic badoises de la série série IId completent le parc. Construites vers 1902-1910, elles seront numérotées 221-901 à 910. Avec leurs cabines semblables à celles des S3/6, elles seront affectées à Sablé, Laval, Rennes et Le Mans.
Elles ont été utilisées jusqu'en 1929-1934, date de leur retrait définitif.
Vient ensuite 13 machines badoises série IVe. Les machines de cette série sont semblables aux machines De Glehn SACM qui ont circulé sur les réseaux de l'Etat, du Midi, du Nord et du PO. Immatriculées 230-901 à 913, elles ont été affectées aux mèmes roulements que leurs consoeurs françaises et affectées aux dépots de Rouen, Le Havre, Caen , Evreux, Saint Brieuc, Dol, Laval, Nantes. Limitées à 80km/h, elles ont été utilisées jusqu'en 1937.
Machine badoise "De Glehn" 230-908
Chemins de fer de l'Etat de Bavière
L'etat reçoit tout d'abord 12 machines de type "bourbonnais" (030) de la série bavaroise C IV. Il s'agit de machines datant de 1885-1894, qui seront numérotées 030-901 à 912. Limitées à 55km/h, elles sont affectées au service de manoeuvre, mutées aux dépots de Dieppe, Le Mans, Angers, Trappes, Saint Mariens, et reformées dès 1930.
Les 230 série CV sont des machines d'express construites entre 1896 et 1901. Numérotées 230-914 à 915, ce sont des machines compound à roues de 1,87m à l'exception de la 914 équipée de roues de 1.64m. Ces machines sont affectées aux dépots de Dieppe, Evreux, Angers, Loudun, saintes, Nantes, Niort. Elles ont été affectées aux trains express et omnibus de l'ancien Etat, sur les lignes Tours - Les Sables d'Olonnes, Angers-Le Mans, Saintes Angoulème, Bordeaux à Nantes Etat, Poitiers la Rochelle.
Les 140-901 à 905 & 907 sont des 140 classe E1 à simple expansion. Les 140-904, 905 & 907 avaient une bielle motrice attaquant le troisième essieu moteur. Sur les autres machines, le premier essieu était relié à la bielle motrice.
La 140 classe E1v était une machine unique construite au USA par Baldwin en 1899, sans doute contemporaine des 220 et 221 balwin Etat. Elle a été numérotée 140-906 et reformée en 1936.
Les 140 série G4/5 construites entre 1915 et 1919 constitue la série la plus importante de machines numérotées 140-908 à 955. Elles étaient limitées à 55km/h, et ont assuré des services de marchandises sur les lignes ex Ouest et ex Etat. Elles étaient attelées à un tender de 20m3 à 3 essieux. Elles seront rayées des inventaires entre 1936 et 1938.
Les 230-931 à 942 sont les ex Bavaroise série P3/5. Affectées à Dieppe, Evreux, Le Mans, Chateau du Loir et Saintes, elles seront affectées aux trains voyageurs. A l'exception de la 942 reformée en 1934, cette série est complete en 1938.
Les Pacific bavaroises série S3/6 sont sans doute celle qui ont eu la plus belle carrière sur le réseau de l'Etat. Immatriculées 231-981 à 996, et affectées aux dépot du Mans, Thouars, Saintes et Nantes, elles assurent la traction de certains trains drapeaux dont le "Manche Océan" entre Le Mans et Bordeaux.
Locomotive 231-993 de l'Etat ex Bavière (coll B.Fruleux) En 1938, elles seront immatriculées 3.231 A 981 à 996. Pendant la deuxième guerre, ces machines retrouvent le chemin de leur pays natal, et reviennent en 1945 dans un tel état que la plupart sont garées froides et ne seront pas remises en service. Si aucune d'elle n'est conservée en France, il existe quelques exemplaires préservés en Allemagne et en Suisse.
Chemin de fer de l'Etat Saxon
Viennent ensuite les 131T ex Saxe, de la série XIV HT de 1917-1918, numérotées 32-916 à 923. Ces machines-tenders destinée à l'origine au service banlieue en Allemagne seront affectées à la traction des omnibus Etat dans la région de Dol, St Malo..
Machine 32-917 ex saxe (coll R.Arzul)
Les 050T XI HT saxonnes seront immatriculées 50-901 à 50-912. Ces machines destinées au service de triage seront affectées au dépot de Versailles Matelot, Trappes, Le Mans, Rennes, Thouars. En 1923, les machines 50-902, 903, 904, 907, 911 seront affectées à Guingamp pour le service de la ligne du réseau breton Guigamp Paimpol qui venait d'être passé en voie normale, et ce malgré les rayons initialement prévus pour de la voie métrique. Elles y circuleront jusqu'au remplacement par des 141T de la série 42001 à 20.
Machine 50900 Etat ex saxe.
L'état reçoit également trois mallets de type 020+020 à tender séparé de la série Iv construites par Hartmann en 1899 sur des plans de la Société Alsacienne de 1892.. Numérotées 040-942 à 944, ces machines effectuent le service de manoeuvre et sont affectées à Brest, Mézidon, Saintes.
Machine ex Saxe Iv (coll L.Fournier)
Le parc des saxonnes série XII 2, numérotées 230-960 à 984, comporte en fait deux sous séries. L'une à tablier bas, concernant les locomotives 960 à 964, l'autre à tablier surelevé. Elles seront affectées aux dépots du Mans, Dreux, Saintes. Elles seront complètes à l'effectif en 1938.
Machine 230-961 à tablier bas
Machine 230-970 à tablier haut
Enfin, le parc des machines armistices ex-Prusse comprend 41 machines de type 040 à tender séparé, ex G8 qui seront immatriculées 040-901 à 941. Affectée à leur arrivée aux trains de marchndises, elles sont progressivement réaffectées à la manoeuvre pour éviter la construction de machines de type 050T. Le parc est complet en 1938.
Chemins de fer de la Prusse-Hesse
L'ensemble des locomotives de ce réseau avaient été étudiées par lingénieur Garbe et étaient assez économiques ce qui explique leur longévité sur les différents réseaux où elles ont été utilisées.
Parmis les machines prussinnes, l'Etat reçoit 23 machines tenders de type 141T, qui seront immatriculées 42-901 à42-923. Ces machines, construites à 589 exemplaires entre 1915 et 1918 par différents constructeurs, étaient désignées T14 sur leur réseau d'origine. Initialement concues pour la traction de trains houlliers, ces locomotives avaient des essieux moteurs d'un faible diamètre. Cette disposition convenait tout à fait aux démarrages rapides, aussi les locomotives seront employées à la traction des trains de banlieue, le réseau de l'Etat n'ayant pas encore reçu les machines 42-000 commandées en 1914.
La bielle d'origine sera remplacée par une bielle plus légère afin d'augmenter la vitesse maximale de 65 à 85km/h.
Machine 42901 ex Prusse
Dix machines seront équipées pour la réversibilité: 42-906, 908, 909, 910, 911, 914, 916, 918, 919 et 920. Cet aménagement permettait au mécanicien de conduire le train à partir de la voiture de queue, et donc de s'affranchir des manoeuvres en gare, notamment à Paris-St Lazare. Ces machines seront alors notamment utilisées sur Paris-Argenteuil. Si la plupart des machines sont affectées aux trains de banlieue à partir des dépots de Paris-Batignolles et d'Achères, d'autres assurent les trains de marchandises et sont affectées aux dépots de Paris-Vaugirard, Mantes, Sotteville, Dieppe, Evreux, Caen, Le Mans, Saintes, Nantes et St Mariens.
En 1937, les machines 42-915 et 42-920 seront vendues à la société Métallurgique de Normandie pour la traction des trains de minerai. En 1938, l'ensemble des machines restantes sera affecté à la région Est, l'ancien réseau de l'Est ayant été doté d'une série identique.
Parmi le parc des machines prussienne figure également les 230 série P8. Elles comportaient des différences au niveau des tenders: 21m3, 21.5m3, 31.5m3. Ces machines numérotées 230-943 à 959 seront principalement basée au Mans et Dreux. Seules 6 machines figurent encore à l'effectif en 1938.
Enfin les 040 de la série G8/1 sont des machines à tenders séparés construites entre 1915 et 1918. Numérotées 040-901 à 941, elles ont été affectées à divers dépots et ont tracté les trains lourds de marchandises.
Chemin de fer du Wurtemberg
L'Etat reçoit seulement 12 unités pour 5 séries de machines du Wurtemberg, aussi ces machines feront un service relativement court.
Trois 220 classe ADH, qui seront immatriculées 220-910 à 912 à l'Etat. Ces machines à roues de 1.80m dataient de 1909 et ont été affectées à Dreux ( 911 & 912) et Rennes ( 910)
Deux 230 série D, machines mixtes compound à roues de 1.65m, seront immatriculées 230-985 à 986 et seront affectées à Dieppe et Dol. Elles sont réformées dès 1930 pour la 986 et 1934 pour la 985.
Les pacific 231 997 à 999 ex Wurtemberg série C initialement basées aux dépot de Brest et du Mans. Moins puissantes que leurs soeurs de l'état bavarois et surtout d'un effectif insuffisant, elles n'assurèrent qu'un trafic modéré et ne subsistent en 1938 qu'à l'état de générateur de vapeur. Le bombardement du dépot du Mans le 13 mai 1944 mettra un terme à la carrière de ces trois machines.
Locomotive 231-998 de l'Etat ex Wurtemberg (coll B.Fruleux)
Les 050T série H avaient été construites en 1905-1906. Semblables aux machines XI HT de l'etat saxon, elles ont effectué un service comparable aux dépots du Mans, de Chartres, Chateau du Loir et Niort. Elles étaient immatriculées 050-901 à 903.
Enfin le parc de l'ex Wurtemberg se complétait d'une unique locomotive tender de manoeuvre du type 040T, construite en 1917 et immatriculée 40-903. Elle sera affectée à Sotteville et sera vendue en 1924 à un entrepreneur.
A lire absolument::
Les vapeurs de l'armistice, par John Davies et Jean Pierre Vergez Larrouy, editions Loco revue, ISSN 1277-3646.
L'évolution du matériel roulant et remorqué de l'Etat, par LM.Vilain.