La ligne de Caen à la Mer

Mise à jour le 18 aout 2015 µ

 


Historique

 

Cette ligne à voie normale du Calvados reliait la gare de Caen-St-Martin à Courseulles-sur-Mer. Elle a été concédée à Mm Mauger et Castor en 1873, et ouverte par tronçons entre 1875 et 1876.

Le raccordement vers la gare des chemins de fer de l'Ouest est réalisé l'année suivante.

En 1886 et le décès de Mr Mauger la compagnie est reprise par sa veuve et ses fils et devient la Compagnie du Chemin de Fer de Caen à la Mer.

Le réseau de l'Etat la prend en charge à partir de 1933, et en confie l'exploitation dès 1937 à la société des Courriers Normands. A l'exception des services d'été et des directs Paris-Courseulles, un trafic routier se substitue au rail.

La ligne retrouve un élan d'activité pendant le conflit, mais dès 1945 le trafic se réduit, pour aboutir à la fermeture dès 1951.

Emplacement de la ligne du Caen à la Mer


Infrastructure

Gares desservies par le Caen à la Mer

  • Caen Saint Martin
  • Couvrechef (halte)
  • Cambes (halte),
  • Mathieu,
  • Douvres-Delivrande,
  • Chapelle-Delivrande (halte)
  • Luc-sur-Mer
  • Langrune (halte)
  • St Aubin-sur-Mer
  • Bernières (halte)
  • Courseulles

La gare de Caen St Martin est implantée au nord de Caen, en bas de la rue des Rosiers et à environ 300m de la place St Martin. Placée à l'extrémité des voies, elle comporte un batiment voyageur élegant auquel on accède par un escalier. Le batiment comprend à l'époque un buffet et un hall permettant l'accès aux quais.

Après avoir quitté les installations de la gare St Martin, la ligne suit la rue des rosiers, et laisse à gauche le dépot du réseau situé à la bifurcation avec le raccordement de la gare de l'Ouest.

La ligne prend alors la direction du nord vers Douvres, passant légerement à l'ouest de la GC7 (actuelle D7), et desservant les arrets de Couvrechef, Cambes, Mathieu. Après Douvre-la-Delivrande, la voie partait au nord est pour atteindre la halte de Chapelle-Delivrande puis Luc-sur Mer.

A Luc-sur-mer, la ligne retrouve à partir de 1900 la ligne à voie étroite des chemins de fer du Calvados qui longe la côte à partir de Caen. La voie du Caen à la Mer posséde alors une ligne à trois files de rails permettant le transfert du matériel du chemin de fer du Calvados entre le réseau de Caen et celui de Bayeux.

A partir de Luc-sur-Mer, la ligne suit la cote et se dirige vers l'Ouest, pour atteindre Langrunes, puis passe au sud de la commune de St Aubin et enfin longe le rivage jusque Bernières puis arrive à la gare terminus de Courseulles, où le bâtiment voyageur est implanté à l'extrémité des voies.

Le chemin de fer du calvados, quant à lui, poursuivait sa route vers Bayeux, Balleroy où il retrouvait la ligne de St Martin des Besaces à Isigny sur mer.

En ce qui concerne le raccordement vers la gare de Caen Ouest, il prenait naissance un peu en aval de la bifurcation des lignes de Flers et Vire située immédiatement après le pont sur l'Orne (actuel emplacement du parc des expos). La voie contournait alors la ville, passait sous un pont, coupait à niveau la ligne à voie métrique des tramways électriques, en desservant au passage l'arret de la Maladrerie.

La ligne se dirigeait vers Courseulles et aucun raccordement direct avec la gare St Martin n'était prévu. L'accès à cette gare necessite donc une manoeuvre de refoulement.

Vue aerienne de la gare Saint martin et du raccordement vers la gare Ouest. Le dépot du CM est situé à l'intersection des lignes. Noter l'absence de liaison entre les deux gares.

 

Après 1938, un nouvel arrêt sera aménagé au raccordement de St Martin, situé dans le quartier Saint Julien au niveau de l'avenue de Creully.

 

Façade de la gare de Caen St Martin

Gare de Caen St Martin

Voie à trois files de rails à Langrune

Gare de Courseulles-sur-Mer, terminus de la ligne.

 


Architecture

En dehors des stations de Caen St Martin et Courseulles-sur-Mer qui presentent un style particulier en raison de leur caractère terminus, le réseau du caen à la Mer possède trois types de batiments:

  • batiments avec étage et une porte en pignon, utilisé à Cambes
  • batiments avec étage et deux portes en façade pour les haltes de Mathieu, Bernières et Langrune, ces stations n'étant pas équipées d'évitement permettant des croisements.
  • batiments avec étage et trois portes en façade à Luc sur Mer et Saint Aubin-sur-Mer

Certaines stations comportent des halles à marchandises (Saint Aubin)

A noter aussi les chateaux d'eau placés sur une structure en bois, comme celle de Saint Aubin.

 

 

 


Exploitation

Essentiellement saisonnier, l'exploitation sur le Caen à la Mer est organisée sur la base de 4 navettes entre Caen et Courseules, deux navettes entre Caen Ouest et Courseules, et trois navettes entre Luc-sur-Mer et Courseules, organisées en correspondance avec les tramways du Calvados (trains tramways).

 

Reproduction d'un horaire de mai 1914

Pendant le conflit, l'exploitation est allégée à 2 navettes entre Caen Saint Martin et Courseules, et une navette entre Caen Ouest et Courseules.

Reproduction d'un horaire de sept 1918

Entre les deux guerres, le trafic reprend sur le schéma d'avant 1914. Le service d'hiver était lui limité à trois ou quatre trains.

 

 

 

 

 

Reproduction d'un horaire de mai 1914

Le train de Caen à Mer desservait également les trois courses annuelles de Courseulles-sur -Mer

 

 

 

 

Matériel

Le matériel de la ligne comprenait 4 locomotives 030T Fives-Lille, construites pour ce réseau vers 1875.

Le parc est augmenté en 1883 d'une 030T Corpet Louvet très semblable, puis en 1912 de la 030 1392 de l'Ouest, construite en 1869 pour l'ancien réseau de l'Eure.

Deux nouvelles 030T viendront completer le parc en 1927, construites respectivement par St Leonard et Corpet Louvet.

 

Le matériel voyageur comprenait de nombreuses voitures voyageurs, dont une vingtaine de voitures à impériale.

Les voitures à impériales étaient de trois types:

  • 4 voitures mixtes numérotés 40 à 43, comprenant 72 places réparties sur 4 compartiments de seconde classe de 10 places à l'étage inférieur, et 4 travées de 8 places de troisième classe à l'étage.
  • 4 voitures de seconde classe numérotés 44 à 47, comprenant 72 places réparties sur 4 compartiments de 10 places à l'étage inférieur, et 4 travées de 8 places à l'étage.
  • 12 voitures de troisième classe numérotés 60 à 71, comprenant 82 places réparties sur 5 compartiments de 10 places à l'étage inférieur, et 4 travées de 8 places à l'étage.

Ces voitures, ouvertes à l'étage et très appréciées en été, etaient accessibles depuis des escaliers placés aux extrémités et par un couloir central qui évitait tout risque de chute, contrairement au matériel similaire utilisé à la mème époque sur la banlieue parisienne.3

Le reste du parc voyageur d'origine comprenait 6 voitures sans étage:

  • 2 voitures de première classe numérotées 10 & 11, comprenant 3 compartiments de 8 places
  • 2 voitures de seconde classe numerotées 20 & 21, comprenant 4 compartiments de 10 places
  • 2 voitures de troisième classe numerotées 50 & 51, comprenant 5 compartiments de 10 places

Au parc voyageur était associés 7 fourgons D1 à D7, 7 couverts K51 à 57, 8 tombereaux L41 à 48, 15 plats M1 à 15, 4 plats à traverse pivotante Mo 31 à 34, un wagon de secours.

 

 

 

La ligne utilise également des autorails, dont une automotrice Renault Scemia de type RS4 à partir de 1924, puis quatre "Michelines" sur pneus louées à la société Michelin, dont trois type 11 et une de type 14.

L'automotrice renault, de 12 tonnes et de 53 places, possédait un moteur de 58cv, et une boite de vitesses à 4 rapports. Ce matériel s'avere rapidement trop faible pour assurer le service du Caen à la Mer, le réseau n'étant pas équipé de remorques légères.

 

 

La ligne verra également circuler des voitures à bogies du réseau de l'Etat, incorporées aux trains directs Paris-Courseulles.

 

Machine Five-Lille numéro 1 "Caen" en gare de Saint Aubin

Voitures voyageurs à impériale du Caen à la Mer.

Autorail Michelin type 14 en gare de Saint Aubin

 


Sources:

Les petits trains de Jadis, tome 3 Ouest, Editions du Cabri

Revue "Rail d'Autrefois", Les voitures à impériales, hors série numero 2, ISSN 2110-4522, pages 42-44

Chemins de fer régionaux et urbains, numeros 188 et 189, "le chemin de fer de caen à la Mer", première et deuxième parties